Psychiatrie, imagerie & neurosciences cliniques

Le développement des neurosciences cliniques et de l'imagerie cérébrale est en train de révolutionner la psychiatrie. Depuis plusieurs années maintenant, les troubles psychiatriques sont décrits comme des maladies du cerveau (Insel & Quirion, 2006). En effet, la recherche en imagerie cérébrale appliquée a démontré que les troubles psychiatriques sont associés à des anomalies de la structure et de la fonction du cerveau. Ces données corroborent les conclusions venant de la génétique, de la neurobiologie et de la recherche pharmacologique clinique. Il s’agit d’une évolution majeure dans la conception de la maladie mentale qui a longtemps été définie par son absence de lésion « organique ». Il convient ici de souligner que la dichotomie entre maladies psychiatriques et organiques (ou « somatiques ») est encore très présente dans le vocabulaire médical (voir ici). Pourtant, à la lumière des recherches menées ces dernières décennies, cette dichotomie n’a plus lieu d’être.

Les différentes méthodes d'imagerie cérébrale

Les différentes techniques d'imagerie médicale sont rappelées, illustrées et expliquées sur le site du CEA .

L'IRM cérébrale en psychiatrie

L’IRM cérébrale est une méthode non invasive, performante et réalisable en toute innocuité permettant l’exploration du cerveau et se positionne en première ligne pour répondre aux besoins des pratiques actuelles en psychiatrie (Kelly 2012) :

  • écarter un diagnostic différentiel, on estime qu'environ 2% des patients admis en psychiatrie souffrent d’un trouble associé à une pathologie non psychiatrique ex : encéphalites, tumeurs cérébrales

  • faciliter le diagnostic étiologique grâce aux techniques avancées d’IRM structurelles métaboliques et fonctionnelles et mettre en évidence des biomarqueurs associés aux troubles psychiatriques. Par exemple, des anomalies à l’IRM cérébrale modifiant le diagnostic et / ou la prise en charge initiale sont retrouvées jusqu’à 20 % des cas dans certaines études.

  • identifier une pathologie associée et son retentissement cérébral permettant d’adapter le projet thérapeutique (ischémie cérébrale, maladie neuro-inflammatoire, séquelle de traumatisme crânien ou de pathologie neurologique connue)

  • identifier des complications et le retentissement du trouble psychiatrique (atrophie cérébrale, retentissement cérébral des addictions…)

  • obtenir un premier bilan d’imagerie permettant d’avoir une IRM de référence dans la situation des premiers épisodes de troubles psychiatriques

L'imagerie cérébrale en psychiatrie en pratique

L'imagerie cérébrale n'est pas encore suffisamment utilisé en psychiatrie et quand elle est utilisée c'est souvent de façon "superficielle" pour rechercher "une pathologie organique". Dès leur formation, les psychiatres en formation devraient pouvoir être sensibilisé à cette question. En effet, d'après moi, l'imagerie cérébrale devrait être mieux intégrée dans l'enseignement de la psychiatrie qui devrait pouvoir bénéficier d'un ancrage fort dans les neurosciences cliniques. Il est important de pouvoir déjà être sensibilisé à cet aspect et par exemple :

  • regarder les images quand un examen est réalisé et comparer avec le compte rendu du radiologue

  • faire des demandes d'examen argumentée (l'indication "recherche d'une pathologie organique" est à bannir)

  • s'intéresser aux différentes régions cérébrales impliquées

Une ressource intéressante dans ce contexte est une IRM cérébrale dont les régions sont annotées et qui permet d'apprendre à repérer les aires cérébrales : https://radiopaedia.org/cases/brain-lobes-annotated-mri-1

Imagerie cérébrale en psychiatrie en synthèse

L'imagerie cérébrale en psychiatrie clinique : pourquoi je fais une IRM ?

Cette vidéo, présentée dans le cadre des Journées Françaises de Radiologie, résume les éléments clés de la demande d'IRM cérébrale en psychiatrie clinique et propose des perspectives pour le développement de l'imagerie cérébrale en psychiatrie impliquant une meilleure collaboration entre psychiatres et radiologues grâce notamment à l'amélioration des demandes d'examen et un examen neurologique systématique.

L’imagerie cérébrale en psychiatrie clinique : du diagnostic différentiel au machine learning

Depuis la découverte des rayons X en 1895, la neuro-imagerie a connu un essor considérable puisque les progrès technologiques ont permis d’évoluer de la simple radiographie de crâne à la visualisation des structures cérébrales en haute résolution grâce à l’imagerie par résonnance magnétique (IRM). L’apparition de l’IRM fonctionnelle (IRMf) a également entraîné une véritable révolution, permettant d’appréhender les changements d’activité cérébrale au cours de tâches données ou au repos.

L'article est disponible en accès libre ici.

Partenaires et collaborations

Dans le cadre de mes activités impliquant l'imagerie cérébrale en psychiatrie et en neurosciences, j'ai la chance de pouvoir collaborer avec :